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LE BLOG DE JACK - Ancien militaire des OPEX (Liban - Kosovo...) et porte-drapeau à l'UFAC des Côtes d'Armor.

14 Feb

Que sont devenus les six officiers syriens formés par l'école de guerre française ?

Publié par jack

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Ils sont six. Six officiers syriens à l’avenir prometteur envoyés par Damas pour étudier dans la crème des académies militaires : l’Ecole de guerre. Mais que deviennent ces stagiaires d’un genre bien particulier une fois partis de Paris ? Des objecteurs de conscience sensibilisés par la démocratie ou des bourreaux enrichis des savoirs occidentaux ?

Difficile de retrouver la trace des six Syriens passés par l’Ecole de guerre ces dernières années.

Chaque année, une centaine des trois cents stagiaires de l’Ecole de guerre – anciennement Collège interarmées de défense – proviennent de l’étranger. La majorité d’entre eux viennent de pays avec lesquels la France noue de solides partenariats : pays de l’OTAN, d’Europe ou encore d’anciennes colonies en Afrique. Mais d’autres sont originaires de pays avec lesquels les relations sont parfois plus complexes sur le plan diplomatique, notamment au Moyen-Orient ou en Asie. Pour eux, ce seront les attachés de défense français sur place qui organiseront l’échange, avant validation du ministère des Affaires étrangères. Dans ce cas, la seule vraie exigence sera de prouver un niveau minimum en Français.

C’est ce qui est arrivé dans le cas de six officiers syriens entre 1998 et 2006. Qui sont-ils ? Impossible à savoir : l’information est classée confidentielle. Toujours est-il que l’on reconnait à l’Ecole de guerre que dans ce genre de cas, « il s’agisse d’officiers perçus par leurs gouvernements comme ayant un fort potentiel de carrière ». Autant dire que les stagiaires en question entretenaient de très bonnes relations avec le régime de Bachar al-Assad.

Ces échanges, dont l’objectif est de transmettre les valeurs de la France et de nouer de solides réseaux sur le temps, n’ont rien de nouveau. Dans les années 1950, de nombreux Syriens étaient envoyés dans les meilleures écoles de l’hexagone, de l’ENA à Polytechnique. Des Syriens formés dans les IUT français au cours des années 1980 sont par la suite devenus les principaux instructeurs de formations semblables inaugurées en Syrie. Qu’ont-ils retenus des philosophies des Lumières ? « Ceux qui sont repartis en Syrie, estime un bon connaisseur de ce pays, n’ont pas forcement rejoint l’opposition. Au contraire, ils ont pris le savoir-faire et sont repartis. » Beaucoup d’entre eux auraient en toute logique rejoint le complexe militaro-industriel syrien. 

Sur le plan militaire, le gros des relations passait ces dernières années par l’apprentissage de la langue. La France offrait via son ambassade du matériel pédagogique. Elle organisait aussi la formation en France, au Centre interarmées de formation de Rochefort – CIFR (Gendarmerie nationale), de professeurs de langue française. Côté syrien, ces échanges étaient principalement organisés par des officiers des services d’instruction et de santé, pour lesquels la connaissance du français était synonyme d’opportunités pour les élèves les plus prometteurs. Pour les officiers supérieurs, cette spécificité permettait par exemple de postuler à l’Ecole de guerre et de bénéficier par ce biais de l’une des meilleures formations militaires qui soit.

La majorité des officiers supérieurs syriens sont formés en Russie. Une poignée d’entre eux, pourtant, est passée par des formations occidentales. Six en France donc, mais aussi en Grande-Bretagne. Le ministère de la Défense britannique a ainsi reconnu en avril 2011 que trois Syriens avaient été formés dans les Académies de la Reine au cours des six dernières années : deux à Sandhurst (armée de terre) et un au Britannia Royal Naval College.

Que sont devenus tous ces officiers ? Ont-ils été parmi les premiers à déserter ou sont-ils en première ligne de la contre-insurrection syrienne ? La plupart des personnes ayant été impliquées dans les échanges universitaires en question refusent d’évoquer la question. Difficile donc de retrouver la trace de ces six officiers supérieurs francisés. Un bon connaisseur de la région remarque qu’il y a forcement maintien d’une certaine proximité entre ce type de personnes et leurs camarades en France : « on a besoin de ce type de contacts pour récupérer des informations et savoir où sont les armes chimiques ». Autant de manches d’une complexe partie d’échecs dont il est toujours surprenant de voir que certaines pièces sont un jour passés par l’Ecole militaire, en plein coeur de Paris.

Photo : Voice of America / Elizabeth Arrott

  Source:actudefense.com
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