Le premier A400M Français volera en mars.

Le premier exemplaire de l'A400M sera livré à la France.

Il est là, devant nous, imposant par sa masse grise, mais aux lignes étonnamment fluides. Sur le parking de l'usine d'Airbus Military, à Séville (Espagne), le septième A400M construit par le consortium européen est le premier de la série, tous ceux qui le précèdent étant utilisés intensément pour des essais, des mises au point et la certification. L'avion a été commandé à 170 exemplaires par sept pays européens partenaires du programme (Belgique : 7 exemplaires ; France, 50 ; Allemagne, 53 + 7 options ; Luxembourg, 1 ; Espagne, 27 ; Turquie, 10 ; Royaume-Uni, 22 + 10 options). Seul pays client non européen à ce stade : la Malaisie (4 exemplaires).

Le premier exemplaire, qui volera dans la première semaine de mars si le calendrier est tenu, est aussi le premier qui sera livré à un client. Ce sera l'armée de l'air française. Sur la carlingue de sa nouvelle bête de somme, son très discret logo est déjà apposé et l'avion porte la cocarde tricolore, minuscule sur l'empennage. Cédric Gautier, le directeur du programme qui présente le futur camion volant à une douzaine de journalistes européens, est confiant sur la capacité d'Airbus à livrer son premier client avant l'ouverture du prochain Salon du Bourget, le 17 juin, tout en demeurant prudent : "Nous travaillons dur pour y arriver", dit-il en évoquant "la fin mai ou le début juin", pour conjurer le mauvais oeil.

Accumulation de déboires

Car cette merveille a accumulé les problèmes de jeunesse au point de prendre plus de quatre années de retard et d'être purement et simplement menacée dans son existence. Après une mise au point laborieuse des spécifications techniques de l'avion, les pépins techniques se sont accumulés sur les moteurs (des turbopropulseurs ultra-performants mais à la mise au point encore capricieuse), mais aussi sur ses systèmes informatiques complexes. En 2010, les choses vont si mal qu'Airbus menace d'arrêter les frais et lance un ultimatum aux gouvernements partenaires. Ces derniers ont dû augmenter à l'arraché le budget de 10 % , en ajoutant au pot plus de six milliards d'euros, avant que l'A400M puisse repartir sur des bases assainies. C'est à cette époque que l'Afrique du Sud, engagée pour huit exemplaires, a préféré jeter l'éponge.

Trois avions pour l'armée de l'air

La livraison du premier A400M aux Français sera suivie de deux autres en 2013. Les numéros 8 et 10 de la série, actuellement en finition sur la ligne d'assemblage. Le numéro 9 sera également livré à la Turquie. Pour l'heure, l'armée de l'air en est aux préparatifs de l'accueil : les premiers pilotes s'entraînent à Toulouse sur un simulateur d'Airbus A380, dont le cockpit est pour l'essentiel semblable à celui de l'A400M. Avantage : les militaires français qui auront piloté un A400M pourront se reconvertir sans formalité dans des compagnies civiles faisant voler le gros porteur de ligne... Pour l'heure, on indique chez Airbus Military que les travaux se terminent au centre de formation A400M installé sur la base d'Orléans-Bricy, qui comptera un simulateur de vol spécialisé. Par ailleurs, les contrats portant sur le soutien des appareils durant leurs dix-huit premiers mois au sein de l'armée de l'air viennent d'être signés.

Trente ans de turbulences

L'arrivée de cet avion aux performances exceptionnelles va grandement soulager l'armée française dont les derniers C-160 Transall cacochymes arrivent vraiment en bout de course, tandis que les C-130 Hercules affichent quelque fatigue après vingt ans de service. L'A400M tant attendu arrive donc à point nommé, trente et un ans après que les premiers plans du futur FIMA (Future International Military Aircraft) avaient été dessinés par les industriels de quatre pays : Aérospatiale (France), British Aerospace (Royaume-Uni), Lockheed (États-Unis) et Messerschmidt-Bolköw-Blohm (Allemagne). L'armée de l'air française croise les doigts pour que tout se déroule comme prévu : livraison en juin, puis mise en place du programme national de mise en route de l'avion. Le premier vol opérationnel hors expérimentation est prévu pour septembre 2014.

Source: LePoint.fr